Maline Luze, professeure agrégée en lycée : « J'ai bien aimé l'enseigne-ment en général à Paris 3, pour sa variété, mais aussi pour sa perspective historique ».
Nous nous sommes donné rendez-vous à la Grande Mosquée de Paris. Je fais la connais-sance de Maline autour d’un thé à la menthe. Ou peut-être serait-ce mieux de dire que nous faisons connaissance l'une de l'autre, car je ne suis pas la seule à poser des questions. C’est agréable d’échanger avec elle, de découvrir son parcours. Maline est allemande et vit à Paris depuis huit ans maintenant.
Pour quelles raisons as-tu fait ton Master 1 d'études germaniques à la Sorbonne Nouvelle ? Tout a commencé après mon bac, quand je suis partie à Paris. À l'époque, j'ai fait un stage d'un an dans une école maternelle franco-allemande, l'AJEFA. Mais cela ne me suffisait pas, je voulais vraiment me plonger dans la langue française. Après une année de voyage en Inde, je suis donc revenu à Paris pour faire une licence LEA, allemand et anglais. Au départ, j'avais prévu de faire un master de journalisme franco-allemand, mais on m'a conseillé de faire d'abord un master en études germaniques et c'est ainsi que j'ai atterri ici ! Puis, pour mon M2, je me suis dirigée vers l'enseignement.
Qu'est-ce qui t'a particulièrement plu dans ton M1 ? Je me rappelle d'un cours que j'ai eu avec Monsieur Farges - « Écologie politique » qui m'a énormément plu. J’ai rédigé mon mini-mémoire dans le cadre de ce cours. J'ai bien aimé l'enseignement en général à Paris 3, non pas seulement pour sa variété, mais aussi pour l'accent mis sur les éléments historiques. J'ai même pensé à rédiger une thèse en histoire, et j'y pense encore. Malheureusement, il y a toujours cette question financière... Et comment savoir si cela me servira à quelque chose ? On était un petit groupe à faire le M1 d'études germaniques et on s'entendait super bien; j'ai encore des amis de cette époque.
Aurais-tu des idées d'amélioration pour la filière d'études germaniques ? Non, pour moi, c’était exacte-ment ce qu'il me fallait. Par contre, j'aurais pas mal de choses à critiquer sur le système d'éducation français qui est trop élitiste à mes yeux. Mais c'est une autre histoire...
Y a-t-il des choses qui t'ont plus marquées que d'autres ? Ce qui m'a beaucoup marquée c'est notre voyage à Verdun : C'était une très bonne expérience de travailler tous ensemble sur un projet commun. Ce voyage à Verdun que nous avons organisé nous-mêmes a été proposé à tous les anciens du cursus ainsi qu'aux adhérents de l'Association Pierre Bertaux. Verdun est-ce un lieu de mémoire franco-allemand ? Existe-t-il une mémoire franco-allemande de la Première Guerre mondiale ? Nous nous sommes posé des questions comme celles-ci et nous en avons discuté ensemble. Et, cerise sur le gâteau, nous avons réussi à obtenir, en partenariat avec le Centre Mondial de la Paix, une con-férence avec l'historien allemand Gerd Krumeich, grand spécialiste de la Première guerre mondiale. C'était très enrichissant.
Que fais-tu en ce moment et où te vois-tu plus tard ? L'année dernière j'ai passé le CAPES, puis j'ai eu mon agrégation. Ensuite, j'ai enseigné un peu au collège, et maintenant, j'enseigne au lycée. J'aurais bien aimé donner des cours d'anglais aussi, mais comme en France un professeur n'enseigne qu'une seule matière, je donne seulement des cours d'allemand pour le moment. Parfois j'ai du mal à croire que je suis vraiment professeur. Ça fait un peu bizarre de ne plus être à la fac, c'est ma première année de vraie vie professionnelle. Même si j'ai beaucoup aimé être étudiante, je suis très heureuse de faire ce que je fais maintenant : enseigner aux enfants et aux adolescents, c'est beaucoup plus que la simple transmission de savoir. Je ne sais pas comment ça sera dans dix ans, mais pour le moment, je compte rester en France. C'est ici que je me suis construit une vie maintenant, que j'ai mes amis, mes repères... D'ailleurs, j'ai toujours rêvé d'ouvrir un café à Paris, peut-être que je me lancerai un jour dans ce projet, qui sait ?
Après l'interview, nous restons encore un peu à bavarder, tantôt en allemand, tantôt en français...
Personne n'a envie de retourner tout de suite à la vie quotidienne, c’était une jolie parenthèse dans le temps...
mae (déc. 2016)
Nicolas Millot, professeur d’allemand au lycée Jacques Monod de Clamart : « J'ai beaucoup apprécié le fait d’être dans une promotion à taille humaine et l'esprit de solidarité qui animait cette équipe. »
Nicolas Millot, 24 ans, a entendu parler de Paris 3 lors de son voyage ERASMUS à Leipzig en 2013 et choisit d’y faire son Master d'Etudes germaniques (option recherche). Ensuite, il part faire son agrégation externe d’allemand à Paris IV.
Son passage dans le département d’Etudes germaniques de la Sorbonne Nouvelle est ponctué de bons souvenirs, notamment de la qualité des cours dispensés. Il retient surtout ses cours avec Jürgen Ritte, et en particulier ceux qui traitaient de la mythologie allemande ou de l’importance du football dans la culture allemande. En clin d’œil, il lui a offert un exemplaire du livre « Fussball in der DDR » acheté lors d’un voyage à Dresde en guise de remerciement. Nicolas a beaucoup apprécié le fait d’être dans une promotion à taille humaine et l'esprit de solidarité qui anime cette équipe.
Son voyage à Verdun avec l’Association Pierre Bertaux, accompagné des alumni, des professeurs et des étudiants était pour lui la concrétisation d’un projet, un projet humain et intellectuel. Sa soute-nance de mémoire, dirigé par Andréa Lauterwein, lui a aussi laissé un agréable souvenir. Ses études à Paris 3 lui ont permis d'élargir ses connaissances sur le monde germanophone contemporain (et lui ont apporté une ouverture d'esprit nouvelle) grâce aux thématiques contemporaines sur lesquelles sont axés les cours. Aujourd’hui, il partage ses acquis avec les élèves du lycée Jacques Monod à Clamart où il est professeur d’allemand.
ale (déc. 2016)
Andrea Szatmary, enseignante
d’allemand en région pari-sienne: « j’ai vraiment apprécié les professeurs ».
Je suis arrivée en France en septembre 2011. Avant, je vivais à Berlin et j’organisais des ex-positions. Comme je savais qu’en France je ne pourrai pas continuer, il a fallu que je change de direction. Je me suis vite rendue compte du fait qu’il faut avoir un diplôme français pour travailler en France et je voulais faire quelque chose avec les langues. J’ai donc directement intégré la troisième année en Études franco-allemandes à la Sorbonne Nouvelle.
Franchement, les études en France ne sont pas faites pour moi. J'avais déjà fait des études en Allemagne et en Argentine, pays dont le système scolaire et universitaire me convenait beaucoup mieux. En revanche j’ai énormément apprécié Mme Lauterwein et M. Farges. au point de les inviter à l'une de mes expositions à Paris! Je suis actuellement professeure d’allemand, ce que j'étais déjà avant, à Berlin, mais je voulais passer le concours du CAPES afin d’être mieux payée. J'y ai finalement renoncé, mon français étant peut-être trop « rustique ».
Aujourd'hui j’enseigne l’allemand dans une école privée en région parisienne. Je suis également artiste peintre et j’ai même un site web (http://www.andreaszatmary.com/). J’ai fait de nombreuses exposi-tions en Allemagne, en Argentine, en France et en Slovaquie. Si vous allez sur mon site web, vous pourrez voir le parcours de mes études et les expositions passées.
nig (déc. 2016)
Cécile Chamayou-Kuhn, professeur agrégée à l’Université de Lorraine : « je me suis vraiment sentie très entourée ».
Cécile Chamayou-Kuhn voulait revenir en Paris après avoir fait ses études en Allemagne. C’est donc naturellement qu’elle décide de faire son DEA à Asnières. L’allemand elle l’a un peu appris par hasard, n’ayant pas d’attache familiale avec le monde germanophone. Mais au lycée, c’est une réelle passion pour la langue qui se développe. Elle décide donc de partir en Allemagne pour s’immerger dans un monde qui l’attire tant, mais développe aussi une attirance pour l’Autriche, qu’elle pourra satisfaire à Asnières où les cours sont aussi ouverts sur ce pays.
A Paris 3, la bonne ambiance et la proximité du corps enseignant lui plaisent tout de suite. Elle garde de très bons souvenirs et une grande gratitude pour le soutien des enseignants; surtout pendant sa thèse et sa préparation aux concours, elle s’est vraiment sentie très entourée. Le fait que tous les cours soient bien préparés et la grande disponibilité des professeurs l’ont vraiment marquée. Elle a aussi beaucoup apprécié les aides méthodologiques offertes qui lui ont permis de se reposi-tionner dans le système français. Ces méthodes, elle s’en inspire tous les jours dans son enseigne-ment, en transmettant les bonnes pratiques de la dissertation et en restant disponible pour ses élèves.
Aujourd’hui, elle est professeur Agrégée (PRAG) d’Allemand à l’Université de Lorraine, elle enseigne la civilisation et l’histoire des idées des pays germanophones. Elle fait également partie du laboratoire de recherches CEGIL (Centre d’Etudes Germaniques Interculturelles de Lorraine). Un conseil que Mme Chamayou-Kuhn partage volontiers: profitez de cette proximité entre étudiants et enseignants et de leur disponibilité. Il est très agréable et facile de garder contact. Par exemple, grâce à ces contacts, elle a participé à la publication du collectif Le Lieu du Genre. La narration, espace performatif du genre en 2011 avec Patrick Farges et Perin Emel-Yavuz.
cch (déc. 2016)
Julien Corbel, assistant de français à Fribourg en Allemagne : « Nous retrouvions l'idée de liberté à la fois dans la manière d’enseigner de chaque professeur mais aussi dans le choix des sujets d’exposés. »
J’ai un intérêt prononcé pour l’allemand depuis que je suis très jeune. J’ai vécu un an en Allemagne entre ma première et ma terminale, et quand j’étais au lycée, j’étais en section européenne, c’est-à-dire que mes cours d’histoire étaient enseignés en allemand. Après le bac, j’ai fait des études de musique et me suis inscrit à l’université essentiellement pour rester en contact avec la langue allemande. Et au final, ça m’a beaucoup plu, donc j’ai continué les études d’allemand jusqu’au M2.
J'ai de très bons souvenirs de l’ambiance entre les étudiants mais entre les professeurs du départe-ment d’Études Germaniques. Si le site d'Asnières permettait aux étudiants des différentes promotions de bien se connaître, à Censier, il y a toujours des liens forts entre les différentes promotions, notamment grâce aux “Stammtische”, mais aussi avec des étudiants des autres disciplines. Les voyages d’étude en master sont aussi de bons souvenirs. Étudier dans une bonne ambiance et de manière détendue, c’est très important. Nous retrouvions l'idée de liberté, à la fois dans la manière d’enseigner de chaque professeur mais aussi dans le choix des sujets d’exposés.
J’ai eu mon Master 2 en juin dernier, et cette année je suis assistant de français à Fribourg en Brisgau : cela ne fait pas longtemps que j’ai commencé, mais pour le moment cela me plaît énormément. Mon projet professionnel est encore à déterminer...
jog (janvier 2017)